Pourquoi le bac d’anglais a fait polémique cette année
Si le mois de juin rime avec vacances d’été anticipées pour les uns, c’est plutôt stress et bachotage pour les autres. Et oui, les épreuves du baccalauréat ont débuté la semaine dernière avec la fameuse (et redoutée) épreuve de philo pour les terminales.
Une fois n’est pas coutume, c’est le bac d’anglais qui a le plus fait parlé de lui cette année. En effet, suite à l’épreuve qui a eu lieu vendredi dernier, une pétition a été lancée contre une des questions jugée trop difficile. La pétition adressée au ministère de l’Éducation nationale a déjà réuni près de 10.000 signatures. Les lycéens souhaitent même rencontrer la ministre Najat Vallaud-Belkacem pour «discuter» de l’épreuve d’anglais.
Le sujet du baccalauréat d’anglais 2015 portait sur un extrait du roman Atonement (« expiation » en français) de l’écrivain anglais Ian McEwan. Publié en 2001, le livre est la saga d’une famille britannique, mais aussi une réflexion philosophique sur le besoin d’expiation, comment le comprendre et comment y répondre. A travers trois périodes – l’Angleterre de 1935, la Seconde Guerre Mondiale en Angleterre et en France, et enfin l’Angleterre d’aujourd’hui – c’est l’histoire de l’erreur pas tout à fait innocente d’une petite fille de bonne famille, Lola, qui va engendrer des conséquences dramatiques sur la vie des autres personnages.
Cette terrible «Question M» portait sur les états d’âme d’un de ces personnages du roman, Robbie Turner, soldat de la Seconde Guerre mondiale. Les élèves devaient expliquer trois de ses préoccupations (“three of his concerns”) et comment il gérait (“is coping with”) la situation. Les lycéens ont jugé cette question trop difficile, car mal formulée et contenant des termes anglais inconnus par la plupart d’entre eux.
Voici ci-dessous la fameuse question « M » qui a donné tant de fil à retordre à ces pauvres lycéens :
C’est Arthur, lycéen parisien de 17 ans qui a décidé de prendre les devants de la polémique avec la mise ligne d’une pétition sur le site change.org, demandant au ministère de l’Education Nationale l’« annulation de la question M ». En moins de 24 heures, près de 9 000 élèves de Terminale ont signé la pétition, un score plus qu’inattendu !
«A la sortie de l’épreuve», a-t-il raconté, «j’ai parlé à un ami dans un autre lycée et j’ai découvert qu’il avait eu exactement le même problème que moi avec la question M. Alors j’ai lancé une pétition pour savoir si beaucoup d’autres l’avaient eu aussi, et c’est devenu viral. Plein de personnes n’ont pas compris le mot “coping“, c’est un mot peu courant», affirme-t-il.
Mais la pétition d’Arthur ne fait pas l’unanimité. D’autres lycéens trouvent l’initiative de très mauvais goût et craignent qu’elle ne fasse «passer leur génération pour des demeurés». «En 2015, tu trouves une question dure et tu fais une pétition. Bourrée de fautes. Non, juste non», tweete Hugo Travers, 18 ans, fondateur du site Radio-Londres.fr. Deux contre-pétitions – nettement moins suivies – ont même été lancées.
Mais sur la page Facebook «Baccalauréat 2015 en France», qui compte 125 000 inscrits, le sujet de vendredi déchaîne encore les passions, et les débats font rage autour du corrigé publié par Le Monde. Pour certains, ce corrigé a été fait à la va-vite et n’est pas à prendre en compte. Mieux vaut attendre le corrigé officiel, qui sera certainement disponible prochainement. Un mini sondage a même été lancé par une des élèves, avec la question suivante : « Qui sera la star de ce baccalauréat ? ». La très grande majorité a répondu : « Turner » et « la question M » !
Cependant, d’autres élèves sont plus modérés : « serieux, arreter avec cette question, c’est qu’une question qui est dur faut pas en faire tous un plat non plus! c’est pas une question qui va faire que vous aller pas avoir votre bac!!! assumer de pas avoir reviser!! ca va rien changer !! » [texte retranscris tel quel, ne pas faire attention à l’orthographe merci !]
Notons qu’une autre pétition a été lancée sur avaaz.org. Elle ne porte pas cette fois-ci sur la fameuse « question M », mais sur un problème plus global. L’auteure (Tara D.) demande à l’Education Nationale de revoir les barèmes concernant l’expression écrite du bac d’anglais. En effet, les sujets ont été jugés « inhabituels » car les lycéens ont du plancher sur trois textes au lieu de deux comme indiqué en préparation du bac. De plus, la consigne, toujours selon l’auteure de la pétition, portait à confusion, ce qui pourrait pénaliser certains « alors qu’ils sont bons en anglais ! ». « Il aurait fallu demander aux professeurs de le mentionner au moins au tableau ! », précise-t-elle. L’engouement n’aura cependant pas été le même que pour la « question M », la pétition n’ayant récolté que 260 signatures à l’heure où j’écris.
Le bac d’anglais 2015 n’aura définitivement pas été épargné par la polémique !
Sources :
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